mardi 12 février 2008

Réflexion qui circule sur le net: le Vif est-il aux ordres?

Je ne résiste pas à vous soumettre une réflexion qui circule actuellement sur le net...

Temps 1 : Belga diffuse, le 31/01/08 à 15H51, une dépêche signée (NLE) dont voici le texte : « L’arriéré fiscal s’élève déjà à 32,7 milliards d’euros (Belga). A la fin de l’année dernière, les autorités fédérales n’avaient pas encore perçu 32,7 milliards d’euros d’impôts, soit le montant le plus élevé d’arriéré fiscal jamais enregistré. C’est ce qu’indiquent des chiffres que le député Luc Van Biesen (VLD) a pu obtenir, rapportent jeudi « De Tijd » et « Het Laatste Nieuws ». L’arriéré dans la perception des impôts est une vieille affaire. Au début des années 90 déjà, la comptabilité du fisc comportait déjà un montant de 3 milliards d’euros de perception d’impôts directs en souffrance. Depuis, le montant n’a fait que gonfler. Fin 2007, l’arriéré en matière d’impôts directs s’élevait à 13,1 milliards. Pour la TVA non encore perçue, le montant atteignait 19,6 milliards d’euros. Ensemble, cela représente 32,7 milliards d’euros. L’ensemble du montant ne pourra plus être perçu ».

Temps 2 : sans doute frappées par la très faible couverture, par la presse francophone, de l’annonce d’une perte de rentrées fiscales dont le montant avoisine celui du budget annuel de la Sécurité sociale, quelques personnes réalisent et diffusent la publicité « Offrez une calculette à Didier Reynders ».

Temps 3 : lundi 4 février, Charles Michel sort dans la presse pour « implorer un cessez-le-feu politique ». Il illustre sa demande, en dénonçant ce qu’il qualifie d’opération méchante dirigée contre le MR par l’ancienne porte-parole du PS.

Temps 4 : la presse reprend en cœur la supplication émanant du MR et la dénonciation de la nouvelle attaque du PS à l’égard du MR, ce qui achève de passer sous silence une perte de 32,7 milliards d’euros dont la responsabilité politique revient inévitablement au Ministre des Finances, par ailleurs Président du MR.

Temps 5 : mardi 5 février au soir, Le Vif fait savoir qu’il dévoilera, vendredi 8 février, un courrier de Marc Uyttendaele exposant sa manière de « faire son marché » dans les cabinets PS. Si la presse focalise l’attention des gens sur le contenu du courrier, elle est beaucoup plus discrète pour relever que, si celui a été reçu – et n’a donc pu être diffusé que – par la Greffière de la Province du Brabant wallon, celle-ci n’est autre que l’épouse de Charles Michel … qui l’a « tenu sous le coude » pendant sept mois avant de le diffuser.

Temps 6 : vendredi 8 février, la Une du Vif porte sur « l’Etat PS ». Son édito prétend qu’il ne veut mener aucune croisade contre le PS, mais que les faits sont tels qu’il ne peut que les dénoncer. Son « enquête » est écrite au picrate et, en vis-à-vis de la conclusion de celle-ci, Le Vif propose un article dans lequel il souligne que, décidément, PS et MR ne peuvent cesser de se faire la guerre. Pour appuyer sa théorie, Le Vif reprend les propos de Charles Michel au sujet de ce qu’il appelle une opération de communication méchante du PS à l’égard du Président du MR. Il illustre cette attaque supplémentaire par une copie de l’opération dénoncée.

Observation 1 : au moment de sortir sa supplique au « cessez-le-feu politique », Charles Michel sait parfaitement ce qu’il vient de vendre au Vif, dont le tirage est lancé le mercredi.

Observation 2 : au moment où le Vif accepte de publier cette lettre, « lance son enquête » et monte son édition, son équipe ne peut pas ignorer le communiqué diffusé par Belga le 31/01/08. Mais qu’en fait-il ? Y donne-t-il le moindre écho ?

Observation 3 : toute lettre étant, par nature, datée, au moment de « mener son enquête et de monter son édition », le Vif ne peut être distrait de la chronologie dans laquelle s’inscrivent la lettre tenue sous le coude pendant sept mois, le communiqué du 31/01 et le « coupable » courriel « calculette » qui ouvre le mois de février.

Arrivée des courses : pour le grand public, l’information initiale « l’arriéré fiscal, dont la responsabilité politique revient au Ministre des Finances et Président du MR, s’élève à mille trois-cent-huit milliards de francs belges » est devenue « le PS, qui passe son temps à attaquer méchamment le MR avec des mails déplaisants, a mis l’Etat à sa botte et s’en sert notamment pour faire vivre le cabinet d’avocat d’un de ses amis ».

Comme manipulation de l’info, on fera difficilement mieux.

Observation 4 : eu égard à la chronologie objective des faits, qui ne pouvait échapper à de fins limiers de l’information, soit le Vif – ainsi qu’une sérieuse partie de la presse – s’est laissé manipuler comme un gosse par le MR, soit le Vif est de mèche avec lui et nous ment jusqu’au cœur de son éditorial, lorsqu’il prétend, la main sur le cœur, sa parfaite bonne foi.

Plaide en faveur du premier terme de l’alternative le précédent que constitue « l’affaire Detremmerie ». On se souvient aisément ici qu’un dossier d’instruction à charge d’un élu non socialiste avait immédiatement été transformé par la presse, RTL-TVi en tête, en une affaire PS par le simple fait qu’un député MR du Hainaut Occidental, juriste de son état, avait prétendu entendre, dans la bouche de M. Detremmerie « qu’il avait été averti, par le Ministre de tutelle des communes, des « perquisitions » dont il ferait ultérieurement l’objet ». A l’écoute des enregistrements de M. Detremmerie, il apparaissait pourtant que celui-ci avait parlé « d’enquête administrative » [dont il ne pouvait qu’être informé, puisque toute enquête d’une administration non judiciaire consiste à demander des explications par courrier à la commune à laquelle elle s’intéresse] et pas une seule fois de « perquisition ». Le travail d’un journaliste stagiaire se souvenant de ses cours d’introduction au droit (1ère Candidature) aurait suffi à lever l’ambiguïté, mais la presse ne voulut rien entendre et l’information « un élu [non PS] a fait l’objet d’une perquisition dans le cadre d’une affaire qui le concerne » était devenue, par la manifestation, d’une parfaite mauvaise foi d’un élu MR reprise en chœur par les médias, « le ministre PS des affaires intérieures a boycotté le travail de la justice en avertissant un élu local de la perquisition dont il allait faire l’objet ».

Plaident en faveur du deuxième terme de l’alternative la chronologie objective reprise en ouverture de ces quelques lignes, le fait que le Vif n’a pas écrit grand-chose – c’est le moins que l’on puisse dire – au sujet de pertes de rentrées fiscales en dizaines de milliards d’euros ou encore, pour ne prendre qu’un exemple, que c’est à Trends-Tendances et non au Vif que nous devons d’avoir été informés il y a quelques mois, tête par tête, département par département, non pas des possibles relais d’un avocat PS dans quelques administrations, mais de l’identité des hommes de main actifs de Didier Reynders, très principalement placés par lui, à la tête de chaque département clef de ce qu’il faut bien qualifier, ces preuves à l’appui de véritable Etat MR

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